Les français ont une réputation de mauvais élève internationale dans la maîtrise des langues étrangères. Ce tableau est souvent exagéré et de nombreuses idées reçues sur nos compétences linguistiques nourrissent cette image. La réalité est plus nuancée si l’on distingue les différentes activités connexes aux langues étrangères : la compréhension et l’expression écrite, la compréhension et l’expression orale.
Le Cnesco (Conseil national d’évaluation du système scolaire) a étudié le sujet et établit un constat afin d’apporter des solutions adaptées à l’accompagnement des élèves français dans l’apprentissage des langues vivantes étrangères.
Constat sur les compétences linguistiques des élèves français
La moitié des français déclare ne pas maîtriser de langue étrangère, exacerbant l’image déjà stéréotypée du niveau en langue ! La réalité est tout autre. Certes, il y a un retard prononcé comparativement à certains voisins européens, mais il faut étudier plus en profondeur le sujet pour faire un vrai constat et apporter des solutions adaptées.
Le Cnesco a observé qu’au cours des 15 dernières années, les élèves français ont progressé en compréhension écrite et orale et que le niveau est aujourd’hui satisfaisant. En revanche des difficultés persistent en expression écrite et surtout en expression orale.
Comment cela s’explique-t-il ? Le problème vient de motifs multidimensionnels comme les institutions scolaires, les inégalités sociales et même les genres (les filles réussissent mieux les épreuves linguistiques du BAC que les garçons). Les lacunes linguistiques ancrées depuis de nombreuses années s’expliquent également historiquement par la vie et l’enseignement des langues. De plus, il est de coutume dans la culture française de défendre la francophonie et de considérer la langue française comme un « totem identitaire ».
L’environnement extra-scolaire n’est pas propice aux élèves pour s’approprier une langue étrangère. Dans un quotidien où ces derniers n’ont pas forcément l’occasion d’être confrontés à autre chose que la langue française dans les médias, à la télévision, sur les réseaux sociaux… Phénomène qui s’améliore en revanche avec l’ouverture sur le monde via internet qui permet de surpasser ces barrières linguistiques. Aussi, n’oublions pas que la France est leader dans les mobilités Erasmus, un engouement croissant d’année en année, de quoi nous rendre optimiste pour la suite !
Il faut savoir aussi que la France a rattrapé son retard, ce malgré qu’elle ait été un des derniers pays à instaurer l’enseignement des langues obligatoires à l’école primaire, alors que d’autres pays comme la Suède, la Norvège ou encore la Finlande l’ont fait dès les années 1960.
Aujourd’hui l’offre en langues étrangères en France est l’une des plus large d’Europe. Nous faisons également partie des pays ayant le plus d’heures d’enseignement des langues LV1 et LV2 durant la scolarité obligatoire.
Des recommandations au quotidien pour favoriser l’apprentissage
Face aux multiples difficultés des élèves français dans l’apprentissage des langues étrangères, des recommandations ont été établies par un comité mixant plusieurs acteurs en lien avec cet enseignement tels que les enseignants, les élèves, les parents, les personnels de direction, les conseillers pédagogique, les inspecteurs, les formateurs, etc.
Ces recommandations ont pour objectif d’éclairer sur des bonnes pratiques quotidiennes en corrélation avec le rapport complet du Cnesco. Celles-ci ont été construites autour de quatre axes :
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l’évolutivité des apprentissages ;
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évaluer de façon à se tourner vers un droit à l’erreur, et sur les compétences réelles des élèves ;
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augmenter l’exposition des élèves aux langues ;
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mieux accompagner les enseignants.
Ces quatre axes ont conduit à dix recommandations :
1. Travailler sur l’oral de manière progressive, de la maternelle jusqu’au lycée
2. Guider les élèves vers l’autonomie, en s’appuyant notamment sur les outils numériques
3. Créer des ponts entre les différentes langues et cultures
4. Évaluation : reconnaître un « droit à l’erreur » et mieux cibler les compétences réelles des élèves
5. Proposer des cours de langues d’une durée plus courte mais plus régulièrement
6. Amplifier, sur le temps scolaire, l’exposition aux langues étrangères
7. Favoriser la mobilité internationale de tous les élèves et des enseignants
8. Redonner une place à l’enseignement explicite des langues
9. Construire un « programme lexical » national
10. Repenser le recrutement et la formation des enseignants en langues
Elles visent donc à généraliser les bonnes pratiques au quotidien (déjà en place dans certains établissements) afin de favoriser l’apprentissage et l’assimilation des langues étrangères pour les élèves.
C’est un combat de longue haleine, la situation française n’est pas si catastrophique qu’on le dit et n’est surtout pas irréversible. Il convient donc d’apporter des solutions cohérentes et adaptées à notre système, notre culture et au profil de chaque élève.