Comment un langage peut être le vecteur d’une identité culturelle ? En quoi apprendre une langue peut-il nous aider à mieux appréhender la culture d’une personne ?
Je parle donc je suis
La culture, c’est tout ce qui relève de l’acquis et non de l’inné. Tout comme la culture, le langage s’apprend dès le plus jeune âge et permet notamment aux individus, à travers la communication verbale, de se sentir partie intégrante d’un même groupe. C’est une des premières traditions implicite d’une culture.
Une langue, un peuple, une nation
Le langage a contribué au 19è siècle à la délimitation des frontières. La langue et la culture d’un peuple ont toujours eu une influence dans les échanges de ce dernier à l’international. En effet, parler ou non une même langue peut faciliter les ententes commerciales ou alimenter les conflits militaires. La mondialisation aidant, l’impact du langage n’est plus aussi fort aujourd’hui sur les échanges internationaux. En revanche, l’Histoire a quant à elle marqué les cultures. Par conséquent, on peut ressentir les traces de l’Histoire d’un peuple à travers les expressions de son langage.
Quand l’Histoire déteint sur le langage
L’Histoire d’un peuple a forcément des répercussions sur son langage. Par exemple, lorsqu’un Anglais dira « Here we go again ! », un Français pourra utiliser l’expression « C’est reparti comme en quatorze ! ». Cette expression, signifiant un nouveau départ avec ardeur et naïveté, fait directement écho aux événements de 1914, époque où les soldats français partaient en guerre pensant revenir rapidement, et victorieux.
En anglais, de nombreuses expressions vont reprendre des termes nautiques. Cela est essentiellement dû au fait que la Grande Bretagne, où tout le monde parle anglais, est une île. Ainsi, par exemple, l’expression « Comme sur des roulettes » en français se traduira par « It’s plain sailing » (c’est simple comme la navigation).
Les emprunts interculturels du langage
Il existe également, à travers l’Histoire, des influences interculturelles ayant des répercussions sur les différents langages. En France, nous sommes notamment victimes de ce phénomène. Le français a modifié l’anglais depuis la cohabitation à l’époque de Guillaume le Conquérant (Fiancé, Mustard, Debt, Chamber, Rendez-vous, etc). L’inverse est également vrai avec des emprunts du français à l’anglais depuis la mondialisation (Parking, Smoking, Tee-shirt, Football, etc)
En outre, n’oublions pas que la colonisation a joué un rôle extrêmement important dans l’exportation des langages à travers le monde. Le français pour sa part a semé ses graines avec l’existence aujourd’hui du québécois, du créole, ou encore du cajun.
Le langage, traducteur de la perception
Le langage étant intimement lié à la culture, il est logique qu’il représente la perception d’un individu. En linguistique et en anthropologie, l’hypothèse Sapir-Whorf (HSW) soutient que les catégories linguistiques influencent directement les représentations mentales. En d’autres termes, cela signifie que la façon dont on perçoit le monde dépend du langage. La langue d’une communauté étant étroitement liée à des concepts culturels, partager une langue permet d’en partager la culture.
Le cas des bilingues
Puisqu’elles peuvent parler et penser dans plusieurs langues, les personnes bilingues vont être capables de percevoir les choses différemment. Il ne s’agit pas là d’avoir une vision du monde différente mais plutôt d’être en mesure de percevoir des faits selon deux points de vue différents. Il faut savoir que cette capacité se fait principalement de manière inconsciente. En répondant dans une langue plutôt que dans l’autre, la réponse reflétera les subtilités culturelles de la langue employée.
Pour information, on apprend dans une étude du Psychological Science que lorsqu’un bilingue utilise une autre langue que sa langue maternelle, il aura tendance à prendre moins de risque.
Apprendre un nouveau langage : une nouvelle identité culturelle
L’apprentissage d’une langue fait évidemment partie de l’acquis, tout comme la culture. En effet, on ne nait pas en sachant parler une langue. Cependant, le linguiste et politologue Noam Chomsky a développé la thèse de la Grammaire Universelle. Ce concept repose sur l’existence d’un mécanisme cérébral rendant le langage partiellement inné chez l’humain. Cela signifie simplement qu’apprendre une langue est tout à fait naturel pour nous !